Moldavie
- By AlixSoulie
- In Voyages
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- On 22 Jan | '2011
Mardi 26 avril 2011, Bucarest
7h : Réveil impossible pour Ovidiu, Miluna grogne mais reste calme.
8h : Ils sont toujours là. Nous convenons de rester en contact via Skype dans la journée pour l’organisation du bus, que Cata a refilé à sa cousine Milu. Mais dès le début, ne pas gérer moi-même cette histoire de bus pour Chişinău ne me rassure pas. Mais ils ont tellement peur que je n’y arrive pas qu’ils veulent tout faire pour me soulager et organiser au mieux les choses pour moi.
10h : Sortie dans Bucarest pour deux « café-ordi ».
11h : Retour à l’appart pour un après-midi de « folie-ordi » où Miluna me confirme qu’il y a bien une place dans le bus de 19h. Comme ils finissent de travailler dans ces eaux-là, elle est désolée que je doive les rejoindre pour aller prendre le bus avec tous mes sacs. Si elle ne peut arriver à temps, Ovidiu sera à la station Grivita avant 18h30.
18h : Station Grivita. Personne au point rendez-vous, à deux stations de la gare routière, où je suis censée prendre mon bus.
18h20 : Personne. Je n’ai même pas le numéro de Miluna. Bon, si à 18h29, il n’y a personne, je remballe mes 56 kilos de bagages et je file à la gare à la recherche de mon bus.
18h29 : Voilà ! Je reste calme. 30 minutes pour trouver la gare routière et le guichet pour retirer mon billet. Dans le métro, pas encore d’équipement d’ascenseur ou d’escalator dans les deux sens. Mais la vraie chance, c’est que les roumains à qui je demande ma route me passent de mains en mains jusqu’à la gare routière. De toutes façons, je dois prendre ce bus, Tatiana m’attend à l’aube à Chişinău.
18h50 : Je descends le dernier trottoir avant de m’adresser aux hommes devant le bus indiqué pour Chişinău. Et bling ! La roue de mon super chariot slovène casse net ! Le chauffeur me rassure, charge mes bagages, et nous allons au coin de la rue pour acheter le billet à l’office. Toujours pas d’Ovidiu et de Miluna, je décide de confier les clefs de leur appartement aux deux adorables femmes de l’office.
19h05 : Le bus part, et pas moyen de prévenir les amoureux que tout va bien et que j’ai eu mon bus. En Roumanie la route est bonne, mais impossible d’écrire. Il y a ce téléfilm moldave et très sympa sur les petits écrans du bus. Une femme à la poursuite de son futur mari routier, qu’elle soupçonne d’avoir une femme dans chaque ville. Très drôle ! Tout ça rythmé par les interventions comiques d’un faux policier du réseau routier.
Minuit : Passage de la frontière. Ramassage des passeports, puis redistribution par un passager. Pas de contrôle des bagages.
Nous arrivons donc à Chişinău à 4h45 sans que personne ne nous prévienne. Je comprends par déduction puisque le bus se vide, mais l’arrivée était prévue à 6h45. Dans la précipitation et surtout sans lumière, je perds mon premier pauvre bien, la petite trousse noire de voyage qui contient le peu de féminité qui me restait (petit maquillage et autres indispensables…). Pas si indispensables que ça… Je ne m’en suis rendue compte qu’une semaine après.
Mercredi 27 avril (Chişinău, Moldavie, toujours +1heure sur Paris)
5h : Je ne peux pas rester dans cette gare à cette heure de la nuit, et attendre Tatiana qui arrive à 8h30 par le train. Mais en même temps, c’est pas une heure pour arriver à la pension. Après quelques minutes d’hésitation et avec 10 € en poche, je prends une voiture, et au bout de 45 min de recherches, nous trouvons enfin la pension. A la Casa Providentei, on m’accueille comme une reine et on me pose dans une grande chambre moderne et neuve. Ils ont du se tromper, un lit immense, une TV écran plat, une salle de bains avec toutes les commodités modernes, bidet inclus ! Je ne manifeste aucune résistance en attendant l’ouverture de l’administration.
8h : A l’accueil, les deux jeunes hommes du service de nuit se sont transformés en une charmante jeune femme qui m’invite à prendre un café. Mais avant, je dois avertir Tatiana par téléphone que je suis à la pension.
9h : Café.
10h : Rencontre avec la secrétaire, j’entends une voix à côté de l’accueil. C’est Tatiana, elle me tombe dans les bras et s’excuse de tant de familiarité. Mais depuis plusieurs mois, Adrian de l’Alliance Française de Chisinau nous a mis en contact pour qu’elle soit ma guide et interprète tout au long de mon séjour, nous nous connaissons donc déjà un peu via Skype. L’Alliance Française prend en charge son salaire, mon hébergement, et on trouvé une certaine Victoria très active dans son association pour les femmes moldaves, qui m’a concocté un planning de fou avec Raphaël, notre chef des relations internationales anglophones.
10h30 : Avec Tatiana, nous avons prévu de passer la journée d’acclimatation ensemble.
11h : Déjeuner, visite de la ville, repérage (Alliance Française, ambassades…). Chaque rue son ambassade. Les présentations deviennent très vite sans tabou, et nous marchons, et nous parlons. Nous nous posons dans le parc central sur un immense banc vert. Elle me parle des femmes d’ici, de celles qui passent devant nous, celles de la ville, celles de la campagne, me questionne sur projet, et sur ce que j’attends d’elle.
14h : Comme nous prenons la direction de la sortie du parc, elle me parle de son histoire passée avec un français expatrié ici. Et là commence le début d’une série…15 secondes après, nous croisons de loin ce garçon. L’après-midi se passe, nous avons conclu un rendez-vous avec Victoria (l’organisatrice des ateliers), qui doit nous rejoindre dans une « doucerie » française, avec deux filles du premier atelier.
18h : Les filles arrivent, Tatiana est curieuse, comme si elle voulait me dire quelque chose. J’aurai l’explication plus tard. Nous revoyons avec Victoria les détails du planning, les deux autres filles me posent des questions sur le projet, et je sens également une curiosité dans leur comportement…
Après une presque nuit blanche dans ce bus, une marche et une présentation de mon projet à Tatiana tout l’après-midi, je ne parle plus clairement. En plus, je vois bien que Tatiana commence aussi à décrocher, il faut dire que ce que je raconte en français n’est pas vraiment très clair. Pour finir, j’informe Victoria qu’il est possible que je reste jusqu’au 6 mai au soir, car je dois rencontrer Mihaï Fusu au cours du festival Fint (Feminismul în teatru) qui se finit le 6 mai. Elle me regarde comme un petit oiseau sur une branche avec la tête qui pivote, en répétant « Mihaïl Fusu ? Il vient de passer derrière toi ! ». Je vais donc le saluer brièvement pour ne pas déranger sa charmante compagnie.
Mihaïl Fusu : Metteur en scène, comédien, pédagogue et journaliste moldave, il a co-écrit , Le Septième Kafana avec , Nicoleta Esinencu, et Dumitru Crudu (Editions L’Espace d’un instant, 2004).
20h30 : Nous nous saluons toutes devant la porte du salon de thé aux spécialités françaises où j’ai pris un café italien (non, la cuisine française ne me manque pas). La nuit est déjà là, il doit être 21h. Tatiana me raccompagne jusqu’à la rue où passe le 115. J’ai enfin les explications des comportements étranges de toutes ces jeunes femmes : le hasard encore, ou la petitesse de cette ville fait que Tatiana s’était retrouvée face à la nouvelle compagne de son ex français, une des deux invitées de Victotia. Quelle journée !
Je reprends seule cette petite navette 115 que nous avions prise avec Tatiana pour venir de ma pension au centre ville. C’est un petit bus de 15 à 20 places qui s’arrête comme un taxi sur un parcours préconçu, on lève la main, on entre par la porte avant, on donne 3 billets au chauffeur et on va s’asseoir. S’il y a de la place lorsque t’as pas l’appoint, tu donnes les billets et tu vas t’asseoir, le chauffeur en conduisant sort ses liasses de billets, fait la monnaie, et la fait circuler dans le bus de main en main jusqu’à ce qu’elle te revienne.
22h : Me voilà dans le quartier excentré Buiucani où se trouve la Casa Providentei. Il faut que je mange, dans une cabane j’achète 1,5l de jus de tomates. Deux verres de tomate et au lit.
Jeudi 28 avril 2011
7h30 : Petit déjeuner, Oléca, la jeune femme de l’accueil, me propose un œuf au plat, très bien, je prends, mais qui a donné l’info ?
8h : Mailing.
9h30 : Rendez-vous avec Tatiana, mais le 115 est si rempli que je ne vois plus les repères pour stopper le bus à la bonne hauteur du Boulevard Bucaresti. Un gentleman comprend ma situation et m’interpelle en anglais. Il m’invite à descendre au niveau de l’ambassade de Pologne où il a rendez-vous, ensuite il appelle Tatiana de son portable, qui vient me rejoindre.
10h03 : Rencontre avec l’équipe de l’Alliance Française, Adrian est en vacances, c’est Diana qui prend le relais. Je ré-explique le projet, le planning, nous échangeons quelques minutes, mais elles sont débordées car plusieurs événements culturels ont lieu en même temps. Malgré toute cette agitation, ils ont extrêmement bien géré mon accueil, et je leur en suis très reconnaissante. Ils ont répondu aux points les plus importants de mes demandes, je suis très confiante pour la suite.
11h : Avec Tatiana, nous nous installons dans un bureau, d’où je peux organiser la suite, et surtout, appeler le Laos, où les incompréhensions ne se résolvent pas par mail. Je peux enfin parler à EMILIE, mon interlocutrice du Laos pour bien lui expliquer ma démarche. Mission réussie ! Enfin ! Après plusieurs mois de quiproquos et d’interlocuteur différents, nous parvenons à mettre en place une convention.
Midi : Toujours dans les bureaux de l’Alliance Française, nous nous apprêtons à aller déjeuner avec l’équipe, je finis d’appeler quelques contacts d’ONG pour le Cambodge qui ne donnent rien (je comprendrai par la suite la situation des ONG au Cambodge) lorsque ce garçon réapparaît à nouveau dans le cadre de la porte. Il est venu se joindre à l’équipe qui l’a invité à déjeuner. Il faut dire qu’il travaille à l’ambassade de France et qu’ici, c’est si petit que tout le monde déjeune régulièrement ensemble. Nous retrouvons également Mihaïl Fusu. Au restaurant, je laisse Tatiana au repos et à ses retrouvailles à l’autre bout de la table car Mihaïl parle très bien français. Nous profitons de ce déjeuner pour faire plus ample connaissance et voir ce qu’il est possible d’organiser avant mon départ.
14h : Nous passons au Grand Théâtre jeune public pour avoir des infos, mais impossible, le directeur n’est pas là. « Repassez, repassez, repassez, repassez…. » Je vois tout de suite le truc sans fin.
15h : Retour à la Casa Provi pour prendre la table.
18h : Premier groupe de Chisinau. Des femmes entre 25 et 40 ans.
21h30 : Du pain, du fromage, un verre de tomate et au lit.
Vendredi 29 avril 2011
7h : Petit-déjeuner.
11h : rendez-vous avec Tatiana au théâtre pour enfants, attente sans fin d’un directeur qu’on ne verra finalement pas. Il nous a pourtant dit par téléphone qu’il serait là dans 5 minutes. Et finalement sa charmante secrétaire a répondu à toutes nos questions.
12h15 : Déjeuner en ville dans une cantine avec Tatiana.
13h : Travail sur le net dans la bibliothèque de l’Alliance Française, chacune sur un ordinateur. Du coin de l’œil, je vois Tatiana s’agiter, fouiller dans son sac, comparer un bout de papier avec ce qu’elle lit sur son écran, et là, si le lieu n’avait pas été une bibliothèque, elle aurait hurlé de joie. Elle vient enfin d’avoir la confirmation pour la mise en place de son passeport roumain qu’elle attend depuis des mois, pour faciliter ses visites à ses sœurs à Londres et à sa mère en Italie, et pour plus simplement envisager ses études en France.
17h : Premier groupe, deuxième journée. Je fais tout pour ne pas me laisser déconcentrer par le comportement d’une des filles qui fait des allers-retours dans son bureau à l’étage inférieur. C’est démobilisant pour le groupe et je m’en veux de ne pas la stopper. Sous prétexte que mes ateliers sont gratuits, on se permet d’être désagréable et irrespectueux. Je me tais. Peut-être est-elle comme ça tout le temps. Sinon, les autres sont dans de fortes propositions. Elles se donnent.
20h : Angel et son mari me raccompagnent en voiture avec ma table. Ils habitent juste en face de la Casa Provi.
20h30 : Un reste de bout de fromage, du pain sec, 3 chocolats offerts par Tatiana et au lit. (Bon, pas super équilibré, on fait comme on peut)
Samedi 30 avril
6h30 : Réveil.
7h : Petit-déjeuner.
8h : Rendez-vous avec Tatiana et Victoria dans Chisinau pour nous rendre en taxi à Stefanasti.
10h : Arrivée dans le village de Stefanasti. Une jeune femme nous attend au coin d’un chemin, monte avec nous, et nous guide chez elle où sa mère nous attend avec un petit-déjeuner copieux aux couleurs de Pâques dans son jardin en fleurs.
11h : Par des routes de terre creusée par les roues des voitures, nous rejoignons à pied l’école où les femmes nous attendent, enfin, m’attendent. Elles sont pour la plupart professeurs ici, mais il y a aussi des femmes au foyer. Après ma présentation, je leur propose un court atelier, puis des interviews une par une, et pour finir, une discussion autour du thème. Les interviews sont très difficiles. Des révélations qui s’enchaînent. Je sens Tatiana très émue et secouée de tout ce qu’elle me traduit. Une pause s’impose. J’arrive pour ma part à trouver la distance pour me protéger. Tatiana ne s’attendait pas à cette charge émotionnelle. J’avais complètement oublié de la prévenir.
16h30 : Nous quittons toutes ces femmes surprenantes et cette école vide d’enfants, et retournons chez Lucia et sa fille de 18 ans. La jeune femme nous reçoit dans sa chambre pour son interview. Nous finirons par l’interview de sa mère dans la cuisine où elle nous prépare le repas que nous prendrons avant de partir. Quelles rencontres ! Quelle journée ! Quel village ! Quelles femmes ! Quelles histoires ! Quel courage ! Le courage est là-bas. Pas dans le fait de suivre un plan et d’avancer de bus en train, de train en avion, etc. Sur la route du retour, nous nous arrêtons à une source curieuse au bord de la rivière. L’exploitation du gaz de schiste a pollué les nappes phréatiques, et lorsque nous approchons une flamme de briquet près de l’eau qui jaillit de la source, une grande flamme couronne le bouillon. Je comprends à présent cette sensation de gras et cette odeur chimique lorsque je me suis lavé les mains au village. Dans le coucher du soleil, nous reprenons la route.
21h : Arrivée Chisinau. Au lit !
Dimanche 1er mai 2011
7h :Réveil du réveil et de moi aussi tiens !
11h : Arrivée de Tatiana à la pension.
13h : Un taxi pour porter la table jusqu’à la station de bus : « Ben oui plus de diable pour tirer ma table ». 30 minutes de bus pour Straseni.
14h : Déjeuner avec Tatiana dans un petit bistrot de cette ville, ou la télé volume à fond diffuse « les visiteurs » doublé en russe.
15h Rencontre à la mairie avec les femmes que Claudia a rassemblées pour l’occasion. Ici c’est la fête des morts, difficile de s’organiser.
Elles sont très différentes, de plusieurs horizons et de différents âges. Elles ne se connaissent pas et la concentration sur les ateliers est aussi, voir plus intense qu’avec des professionnels. Une d’entre elles, une des plus jeunes, 18 ans je crois, a traduit une chanson moldave en français et me la chante en cadeau avant la fin de le journée.
Tatiana n’est pas au bout de ses surprises, elle a reçu un appel du numéro de fixe de sa maison dans la province de Chisinau. C’était la voix de sa sœur qu’elle a entendue. Sa sœur qui est censé être à Londres. Je la laisse filer pour qu’elle ait le temps de prendre le dernier bus car pour ma venue, elle dort en ville à Chisinau chez des amis. Mais en temps normal elle habite avec son père et son frère à une heure d’ici.
19h : Je rentre en bus à Chisinau, ici aussi les femmes que je rencontre ont du mal à imaginer que je puisse prendre les transports publics seule sans me perdre. Maintenant, Tatiana l’a compris mais il a fallu que je me fâche.
19h30 : Je trouve un resto ou il y a 30 minutes de wifi, ça ne fonctionne plus à la casa depuis deux jours.
20h : Et hop, journée bien remplie.
Lundi 2 mai 2011
7h : réveil
10h : Re-resto pour connexion. De là je prends un bus qu’on m’a indiqué mais qui n’est pas le bon. Après 4 changements inutiles, je demande ma route et me fie à mon instinct. J’arrive confortablement à l’heure pour le bus de cette deuxième journée avec les femmes de Straseni.
Elles sont beaucoup moins nombreuses à cause de la fête des morts. Nos ferons donc des interviews les unes après les autres. Leurs histoires sont incroyablement plausibles.
Tatiana semble avoir du recul à présent, mais surtout la voici très détendue car lorsqu’elle est rentrée chez elle, ce n’était pas une mais deux sœurs qui l’attendaient… Elles ont profité du mariage du prince Williams à Londres pour bénéficier de billets pas chers. Ces derniers jours, il y a plus de billets entrants que sortants.
19h : Nous finissons avec l’interview de Claudia, une femme très engagée pour les droits des femmes. On sent que son combat à vouloir changer les mentalités est parfois, sans le dire, rempli d’inquiétude mais toujours de courage.
20h : On est sur les rotules avec Tatiana, elle me raccompagne à ma chambre avec la table qu’elle veut absolument m’aider à porter « il faut faire attention si un jour tu veux des enfants !!! » puis elle rentre se coucher à l’autre bout de la ville.
Mardi 3 mai 2011
12h30 : Rendez-vous au marché central pour le bus de Magdacegti Village.
14h : Départ du bus.
15h : Magdacegti école. Ici les écoles vont du primaire au niveau bac, et les professeurs ont l’après-midi pour préparer les leçons du lendemain, et certains dispensent des cours particuliers ou des options. Avec Tatiana, nous sommes très vite dépassées. Nous venons d’entrer dans une classe où les femmes professeurs assises derrières des tables en arène ovales nous attendent. Elles sont vraiment plus nombreuses que prévu, et d’autres arrivent aussi au compte-goutte, alors que certaines s‘en vont les unes après les autres pour des cours qu’elles doivent dispenser. Celles qui restent répondent au téléphone, je fais répéter Tatiana. Nous n’avons pas la force de continuer face à cette tribu de petites filles contentes de se retrouver après les vacances de Pâques, et surtout très fatiguées par la reprise des cours. Je propose à celles qui sont vraiment motivées de revenir demain, mais sincèrement, je ne sais pas si j’aurais la force de ne pas louper mon bus.
17h : Je stoppe l’atelier et nous prenons le prochain bus.
19h : Fin de journée, j’appréhende le retour à Magdacegti pour le lendemain.
Mercredi 4 mai 2011
10h : Petit-déjeuner
10h30 : Ordi
13h : Bus pour Magdacegti
14h : Sans surprise, une poignée de fille est revenue. L’organisatrice est gênée du comportement des filles de la veille, mais je lui avoue que je n’étais moi-même pas très en forme pour faire face à cette agitation générale. Après quelques exercices à leur demande, nous voilà détendues pour les interviews. Des interviews encore très intenses, mais à demi-mot pour certaines, ce qui est encore plus troublant. Finalement, juste deux ne parlent pas le français et celles qui le parlent préfèrent passer sans interprète. Pour ces quelques femmes, je suis ravie d’être venue aujourd’hui et de finir cette rencontre sur une bonne note.
18h : Bus-dîner-ordi-au lit.
Jeudi 5 mai 2011
10h : Le retour du net à la casa. Enfin !
11h : Rencontre avec Adrian à l’Alliance Française. Il rentre de vacances et je peux lui faire un bilan rapide.
12h : Ordi à l’Alliance
13h : Ordi au resto
14h30 : Rendez-vous avec Tatiana à la Poste pour les expéditions courantes
15h30 : Rendez-vous avec Mihaï Fusu dans le club où ont lieu les différentes rencontres et les lectures du festival. Échange riche et bilan sur nos rencontres avec Tatiana dans les différents groupes. Mihaï Fusu met son talent au service des femmes, et autres causes isolées. J’imagine un homme à femme qui les aime et qui les respecte, et mon alliance fictive aura raison de ses regards perdus entre elle et mon décolleté. M’enfin, ne résumons pas cette rencontre à cela.
17h30 : Retour à l’Alliance Française en attendant l’heure du spectacle polonais. Je libère Tatiana et lui propose de la retrouver à 19h au théâtre. A nouveau le hasard nous fera nous rencontrer en ville avant ça.
19h : Théâtre : “Liminalna. Jestem snem, ktorego nie wolno mi snic” de M. Ogrodzinska, (5 femmes)
20h : Crêpes avec Tatiana et Victoria qui nous a rejoint. Nous rencontrons encore par hasard Alona, une des filles du premier groupe qui m’avait particulièrement touchée, et nous parlions justement d’elle une minute avant.
21h30 : Mes adieux avec Tatiana sur le trottoir, de nuit. Son bus arrive, elle saute dedans, pas le temps de s’éterniser, bye bye Tatiana. Avec Vic, nous finissons à l’after du festival et nous rencontrons les filles de la compagnie française de Lille Les chiennes savantes, qui jouent demain le Spectacol “Fuck you, EuRoPa” de Nicoleta Esinencu, qui était également là. Nous faisons un point avec Vic, J’en profite pour la questionner un peu plus concernant les femmes moldaves. Il est tard : taxi , bye bye Victoria.
Vendredi 6 mai 2011
8h : bagages, ménage, internet.
10h : départ avec les bagages à l’Alliance Française
11h30 : Débat au club sur la pièce polonaise
14h : Connexion internet Mac Do avec un hamburger pas bon. (Qu’est-ce qu’il faut pas manger pour avoir le net !)
15h : Les chiennes savantes : si j’étais programmatrice je validerais sans détour .
17h : Alliance bye bye
18h : Taxi
19h : Bus pour Bucarest. Jusqu’à la frontière tout va bien, mais en rentrant dans l’UE, après la mort de Ben Laden, le bus est fouillé minutieusement à la lampe et au chien. Quand arrive mon tour d’ouverture de bagage, ils me demandent ma nationalité. Ils ne sont du coup plus trop surpris que je passe la frontière avec ma table. Et les deux douaniers répètent en roumain: « Française, c’est particulier, française, c’est particulier… ». Ils en oublient même, après avoir ouvert mes deux bagages hors du commun de contrôler ma valise Delsey si classique mais qui est pourtant bien rouge. Nous repartons vers minuit dans ce minibus qui se remplit de plus en plus et où la position allongée est inimaginable. Il y a cette femme assise à côté de moi, qui comprend que je la comprends, et mes brèves réponses ne semblent pas lui faire penser que je ne parle pas sa langue. Je repense à ces femmes moldaves, et notamment à celle qui a répondu un jour à la question ouverte de mes interviews : « Quel lien voyez-vous entre une table et la femme ? » Réponse : « La table se doit d’être solide pour supporter tout ce qu’on y pose dessus, pour porter la famille. La femme est comme cette table : robuste, centrale, et chargée de toutes les émotions du foyer ».