Alix Soulié

Thailande

De 10 à 40°c Bye bye Europe

Samedi 7 mai 2011 ( bus Chişinău-Bucarest )

4h50 : Dans ce minibus de 20 places, je ne suis pas la seule à avoir des bagages imposants. J’ai voyagé tout au fond du bus avec le surplus. A l’approche de Bucarest, les passagers commencent à descendre, je suis préposée aux bagages et suis donc bien réveillée lorsque nous arrivons à la gare du nord. Malgré la fouille à la frontière, nous arrivons plus tôt que prévu, mais le chauffeur nous vire du bus. La femme qui a voyagé à mes côtés avec son fils n’a pas de téléphone portable pour prévenir ses amis qu’ils sont déjà arrivés. Nous nous retrouvons tous les 3 dans la nuit à côté du bus où les chauffeurs se sont enfermés pour boire leur bière. Sympa! Il fait bien froid tout de même.

5h30 : le métro est ouvert, je m’y avance doucement sans savoir où l’aéroport se trouve, peu importe j’ai la journée pour le trouver. Facile! Je retrouve la générosité légendaire des roumains qui prennent le temps de me dire : « 2 stations puis prenez le bus, c’est direct ».

Quand je remonte à la surface, le jour s’est levé, je passe devant un fleuriste qui se met en place, et pose enfin tous mes kilos dans un abri bus. Le panneau publicitaire est remplacé par un Iphone géant où l’on peut se connecter librement. J’en profite pour envoyer un mail à Tatiana pour la rassurer. Je laisse passer un puis deux bus, Bucarest se réveille doucement. Lorsque j’ai enfin la force de repartir je prends le bon bus conseillé par une jeune roumaine qui prend soin de mon sort. C’est si naturel, comme un sixième sens, je ne dis pas que les moldaves ou les autres ne sont pas accueillants mais les roumains sont très spontanés.

7h30 : Arrivée à l’aéroport pour un avion qui décolle à 17h. Tout devrait bien se passer mais je ressens un très grand malaise en moi. Surtout un très grand manque de sommeil. L’aéroport de Bucarest est à taille humaine, beaucoup plus petit que Blagnac. Je trouve un couloir excentré qui me mène à une petite brasserie isolée. Musique : parfaite. On est trois clients et il y a internet. Jusqu’à l’enregistrement je rattrape mon retard sur les affaires courantes, mais la fatigue me pèse.

15h00 : Je dors debout et à l’enregistrement des bagages, tout va trop vite, pas le temps de vérifier mes affaires. J’oublie donc dans ma sacoche le petit couteau suisse que Gé et Raf m’ont offert pour mon voyage et qui m’était très utile chaque jour. La douane m’autorise à ressortir pour tenter d’enregistrer la chose, mais British Airways me dit que c’est trop tard donc je le confie à un jeune papa qui va à Londres et qui l’enregistre avec ses bagages. Bon, jusque là il est en lieu sûr !

17h00 : L’avion décolle et pour la première fois je serre très fort dans ma main ma collection de petits grigris. Je crois que cet excès de religion m’a collé le flip. Je suis entourée de gens qui se signent en boucle et consomment des minis whiskys et du vin rouge offerts par la maison, je me contenterai d’un jus de tomates.

19h00 : (Heure de Londres donc 4h après le départ de Bucarest nous arrivons à Londres) je sors du circuit obligatoire pour la correspondance de Bangkok afin de récupérer mon couteau aux bagages. Mais il faut changer de terminal ; trouver un passager qui n’a pas enregistré pour Bangkok ; lui refiler mon couteau ; faire un peu plus connaissance avec la rigidité de l’administration anglaise qui me tend une poubelle pour jeter mon couteau et m’interdit de donner mon couteau à cette jeune femme qui avait accepté. Je me mets dans une grosse colère, qu’est-ce que je m’en sors bien en anglais quand je suis en colère ! Ils me proposent de l’enregistrer en troisième bagage pour 120 euros. Je leur offre mon plus beau sourire et repars dans l’aéroport à la recherche d’une bonne âme. Heureusement j’ai trois heures devant moi et je vais trouver une solution. Dans le hall des arrivées, je trouve un nouveau papa qui attend sa femme et à qui je donne une adresse d’expédition et ma confiance.

21h30 : Ok ! Il faut que je repasse la douane, mais la bouteille de champagne que m’a offert le duty-free de Bucarest pour l’achat d’une crème hydratante ne passera pas. Je bois donc doucement cette petite bouteille en espérant qu’un jour ce couteau me reviendra pour la beauté de la parole internationale. Le calme revient en moi, il fallait bien que je trouve une petite activité trépidante pour cette escale londonienne sans exotisme.

22h00 : Embarquement. Les hôtesses voudraient que l’on reste assis 11h sans bouger. Si elles m’empêchent de marcher je vais devenir désagréable et imposer mes étirements dans l’allée centrale ! Mais bon je reste sage, je suis un peu saoule j’ai pris un petit whisky cette fois pour faire comme tout le monde, les autres ça les fait dormir mais moi ça me donne envie d’écrire ou de bouger. L’avion est sans lumière mais derrière les rideaux des hublots le jour est bien là, aucun doute. Après avoir fait 30 fois l’aller-retour des 10m du couloir qui me sont autorisés, je reprends ma place et les jambes du petit australien de 9 ans qui est trop grand pour se contenter de son fauteuil. J’en profite pour l’attacher avant qu’une hôtesse vienne le secouer pendant son sommeil. Il m’obéit sans vraiment me comprendre (normal, je lui parle en français) et il s’endort confortablement ses jambes allongées sur mes genoux. L’atterrissage est proche, et comme prévu les hôtesses viennent réveiller ceux qui ne sont pas attachés.

15H00, heure de Bangkok : atterrissage. Laissez-moi sortir ! « y a pas moyen, tout le monde veut sortir Alix! » Oui mais moi je veux plus que vous !

Dimanche 8 mai 2011 (Bangkok)

15h15 : Au passage de la porte de l’avion, le choc est direct : 25° en plus dans mon cerveau qui est déjà en zone rouge depuis 11h. Pas de précipitation, pas d’arnaques de taxi. J’observe, de toute façon je n’ai que 5 ou 6 euros en poche et personne ne veut me changer mes leîs roumains et moldaves. Taxi public pas cher et direct à l’auberge.

17h00 : Je suis accueillie avec le sourire et on m’invite à prendre une douche !!!

20h00 : Rencontre avec Sophie (française qui vit en Espagne), nous partons dîner avec Justine la troisième française de l’auberge. Une soupe, des moustiques et au lit.

Lundi 9 mai 2011

9h00: Rendez-vous embarcadère n°13 avec ma guide interprète Aom.

Un thé glacé et nous prenons le bus pour le centre-ville, traversée du fleuve en bateau; parking ou nous retrouvons sa voiture; alliance française pour rencontrer l’équipe culturelle.

14h00: Stéphane de l’alliance me reçoit pour me parler des femmes de Bangkok et de ceux que je peux voir ici. Aom va faire des recherches dans le bureau d’à côté avec son amie, l’assistante de Stéphane qui nous a mis en contact . Stéphane explique la position des troisièmes sexes qu’on appelle ici « les catoys »(transsexuelles). Ils sont nombreux et passent quasiment inaperçus dans la foule de Bangkok.

15h00: Il fait très chaud, je n’ai pas faim mais nous mangeons avec Aom un bout de tarte et prenons un café au restaurant en dessous de l’alliance pour continuer la mise en place de notre planning des prochains jours.

Aom est très discrète, mais surtout très sérieuse. Parler et comprendre le français lui demande beaucoup de concentration ce qui lui donne un air inquiet, elle me pose beaucoup de questions sur le projet, puis pour être sûre qu’elle a bien compris, elle m’explique ce que je suis venue chercher ici . Elle a épluché toutes les informations du site Anomaliques, elle sait même des choses que j’ai oubliées et parfois des choses essentielles. Malgré son air sérieux l’expérience l’excite et l’amuse beaucoup. Elle me répète en boucle qu’elle veut faire ça pour l’expérience et non pas pour l’argent. Ancienne prof de français elle cherche a se réorienter. Elle aimerait quitter Bangkok et vivre avec sa famille au calme en s’occupant de quelques chambres d’hôtes. Son mari, si j’ai bien compris, est un architecte très demandé pour des travaux d’assez grande envergure. Ils ont ensemble un garçon de 11 ans, Aom en a 35 mais bien sûr n’en parait que 25. Pour expliquer cela Aom me dit : « Si nous ne sommes pas marqués, c’est que nous sommes indifférents « .

17h00: Retour au port dans sa voiture, elle est inquiète de me laisser sur ce bateau et a peur que je ne retrouve pas ma route. Bien sûr je la retrouve, il y a juste un mot que je ne comprends pas dans le bateau : « monke » et la vendeuse de ticket me hurle dessus. Je m’écarte de ce petit panneau mais ne comprends pas (pas de femme enceinte ni de handicapé). Il y a juste quelques moines orange, je m’éloigne donc en évitant de m’approcher de ces petits panneaux. La pluie qui tombe enfin rafraîchit légèrement mon cerveau excédé de chaleur. Tant le plaisir de la pluie est grand, et le spectacle unique, que j’en loupe mon arrêt au ponton n°13. Une marche me fera du bien !

Je retrouve facilement ma route dans ces petites ruelles, je fais des arrêts, des demi-tours sûre de moi-même mais la fatigue me prend et finalement j’arrive en retard à l’auberge à la réunion Skype avec Toulouse.

23h30: Dans ma cabane en bois, je me connecte via Skype, mais ici les murs sont en papier et très vite, un jeune australien excédé vient toquer à ma porte (il se lève à 6h00 !). Enfin une bonne raison pour stopper Skype. Extinction des feux.

Mardi 10 mai 2011

10h00: Je me réveille toute bouffie par la chaleur et le manque de sommeil, le décalage horaire est toujours là, je n’ai toujours pas d’espace entre mes orteils et mes yeux sont si gonflés qu’ils ont un air bridé. Je dois remballer, j’ai réservé trop tard et ce soir, ils sont complets ici.

11h00: Je pars à la découverte du quartier de jour ; après avoir circulé dans ces ruelles authentiques, je me retrouve très vite dans un quartier touristique. Demi-tour immédiat, je me pose dans un café restaurant et m’impose un coca, riz blanc pour préparer mon estomac à la suite. Curieux tout ces couples muets en terrasse. De plus ou moins jeunes thaïlandaises accompagnées d’occidentaux qui n’ont rien à se dire. L’un comme l’autre le regard dans le vide. Le temps et l’espace dans lequel ma journée se déroule est semblable à un gros pot de miel dans lequel je tente d’avancer. Du miel toutes fleurs mixés au parfum de grillade de viande et aux épices nouveaux. Pas si nouveaux que ça… une impression de déjà-vu… mais où ?… mon cerveau est si congestionné qu’il me faut plusieurs heures pour me rappeler que ces souvenirs me reviennent de la réunion.

13h00: Déjeuner avec Sophie.

14h00: Je dois absolument être au consulat du Laos avant 15h pour faire mon visa : taxi; banque (où j’ai oublié de récupérer ma carte bleu visa 1er, celle en or), consulat du Laos. Une heure d’attente, je suis la seule occidentale au milieu de cette foule sans aucune conviction qui semble attendre depuis des jours des documents.

16h00: le taxi m’a attendue.

17h00: Je bascule mes bagages dans une auberge juste à côté où le patron est particulièrement désagréable voir même insultant, un connard fini.

20h00: Sophie passe me chercher ? nous allons dîner pour fêter son anniversaire. Nous grimpons dans un tuktuk (prononcer touctouc!), Et attention pas d’arnaque on connaît le prix et Sophie on ne la roule pas 2 fois !

21h00: Après le resto traditionnel. retour dans le quartier en tuktuk ; soudain, sur une grande avenue dans la nuit de Bangkok, je sens sur ma droite une présence très présente. Un bras rentre dans le tuktuk, j’imagine un accident, une collision en train de se produire. Mais non, c’est « une petite frappe » qui pensait m’arracher mon sac. Comme il accélère brutalement avec sa monture mécanique, le poids du sac et la contraction de mon bras droit, suffit pour que le garçon vienne s’écraser contre le flan du véhicule, rebondit et s’explose sur le bitume en tapant violemment la tête sur le sol. Sophie est très choquée, elle se met à lui hurler dessus en espagnol, le garçon est hébété, nous ne voyons que ses yeux dans ce casque qui lui a sans aucun doute sauvé la mise. Sophie n’en revient pas que je reste zen. Ben en fait, j’ai juste pas compris et j’ai juste réagi avec le peu d’instinct et de force qui me restait.

21h30: 2 bières sous les ventilateurs, belle rencontre avec Sophie qui voyage seule. Ici, il y a beaucoup de femmes qui voyagent seules, plus de femmes que d’hommes. Les hommes sont plus souvent en tribu ou en couple.

Sophie est styliste en Espagne depuis de nombreuses années mais surtout elle est très active et très engagée dans la défense des animaux. Elle est en Asie car elle travaille en Chine en ce moment, elle en a profité pour s’offrir une bonne semaine en Thaïlande pour son anniversaire. Après Bangkok elle part se détendre dans des îles de rêve.

00h20: Retour à ma nouvelle « guest house ». Je m’embrouille direct avec le patron, mais j’obtiens ce que je veux : juste 2 minutes de connexion internet pour connaître l’heure et le lieu de rendez vous avec Aom. Quel connard non mais je te jure, il commence à me demander d’où je viens si tard !!! C’est fou comme je m’en sors bien en anglais quand je suis vraiment énervée, j’en reviens pas !

Mercredi 11 mai 2011

Pas dormi…

8h00: Je suis déjà dans l’accueil où je dépose les clefs. Ma petite valise rouge à la main pour retourner à l’ancienne auberge où cette fois, j’ai réservé jusqu’à la fin de mon séjour. Je passe devant ce grand type au visage hautain sans le saluer et je me casse de là. Mr Tan est surpris de me voir revenir si tôt, je lui épargne les explications de ce que je pense de l’homme d’à côté et lui commande un petit-déjeuner. Je vois qu’il a compris et vu notre niveau d’anglais nous n’approfondissons pas le sujet. Il ajoute ma valise avec le reste des bagages, le temps que ma chambre se libère.

9h00: Il m’indique le bus à prendre pour rejoindre Aom, « Ça sera moins cher que le bateau et plus rapide » tout ça dans une langue inconnue.

10h00: Aom m’attends à l’embarcadère n°9. A nouveau, elle me redit ce que je recherche, je lui dis que je ne cherche rien et que nous allons passer quelques jours ensemble, elle est libre de me porter où elle veut et que de toute façon, je lui ai tout dit et que c’est moi qui suis à sa disposition à présent. Ce qui était censé la détendre l’a finalement perturbée…

10h30: Je découvre Bangkok mais je découvre surtout Aom : quand elle donne son opinion sur ce que nous voyons, elle a toujours la délicatesse de préciser que c’est sa vision !

École des Beaux-Arts que nous traversons pour les commodités. Le fondateur italien Imotto disait : « la vie est courte mais l’Art se prolonge ! »

12h00 : Une brochette de…??? achetée sur une grillade ambulante, je n’ai toujours pas d’appétit, trop chaud, juste soif !

13h00: Bus pour l’École de massage.

Entretien avec une professeure, entre les mains de qui Aom a subit son premier massage thaï.

« Ici les massages sont réservés aux vieux et aux touristes » me dit-elle.

15h00: Nous avons rendez-vous avec une artiste au centre d’art contemporain, le Beaubourg de Bangkok. Elle expose son art qui fait suite à des rencontres de population qui vivent dans le nord de la Thaïlande au bord du Mékong. L’exposition est très contemporaine, des photos projetées sur de la terre du Mékong, du bois, des détritus, des mises en scène porteuses de sens.

15h30: La pluie nous tombe dessus ; nous nous abritons dans un snack pour un vrai repas, enfin pour moi ce sera riz blanc, coca. Nous prévoyons avec Aom de nous revoir vendredi.

16h00: Nous nous quittons sur le métro aérien, son mari passe la chercher en auto et là j’attends avec une foule de personne le n°15 qui n’arrivera que 3/4 d’heure plus tard pour cause de pluie. A Bangkok, les gens ne marchent pas sous la pluie. Quand il pleut -et c’est parfois long- tout s’arrête. Ils fuient la pluie comme des gouttes d’acide chlorhydrique. Leur course folle pour éviter la moindre goutte est incroyable a voir, leur comportement est comparable à la course pour trouver un abri à l’annonce d’un bombardement, il parait que la pluie de Bangkok est très toxique, bon ben tant pis pour moi !

18h00: Ce soir j’ai une chambre climatisée avec un grand lit pour moi toute seule. Sophie se prépare pour son départ à l’aube, ses îles de rêve l’attendent. Bye Sophie .

20h30: Au lit; le décalage est épuisant alors je m’acclimate doucement.

Jeudi 12 mai

10h00: Finalement, je n’ai réussi à dormir que 4h00 en tout et pour tout, mais je me suis forcée à rester allongée jusque-là. J’habille mes orteils de mes superbes tongues vert plastique, et je pars à la découverte de toutes les rues du quartier où je vis. Les thaïlandais vivent dans la rue, leurs salons sont dans des garages de rez-de-chaussée aménagés. Et ouverts jusqu’à 21h00. Qui veut cuisiner le fait et de toutes petites tables font office de commerce devant leur domicile.

14h00: Je profite de mon incapacité à faire quoi que ce soit pour confier mon corps en jachère à des professionnels de l’esthétique. Pour moins de 7 dollars, j’ai droit a un rafraîchissement des cheveux, des pieds et des jambes. L’esthéticienne croit que je reviens d’un trek de 4 mois dans les montagnes thaïlandaises. Pour ne pas rentrer dans les détails et les subtilités de la langue anglaise je lui réponds qu’en quelque sorte, c’est ça ! Plus légère, je vais pouvoir mettre mon short.

17h00: En rentrant, j’intègre la chambre moins coûteuse que Sophie a désertée et je comprends pourquoi elle avait du mal à dormir entre les voisins en couple, les machines a laver et la salle de bain.

20h30: Je ne peux pas dormir, je passe ma nuit sur l’ordinateur.

Vendredi 13 mai

J’ouvre les yeux a 10h00, juste le temps d’appeler Aom, qu’elle ne s’inquiète pas, j’arrive.

11h00: Ponton n°6, nous attendons son amie Pel qui va passer la journée avec nous. Pel est professeur au collège ou Aom a enseigné il y a encore quelques mois. Une vrai journée entre filles, je les laisse me porter. Petit à petit, elles ne sont plus mes guides mais des amies qui me font découvrir leur ville. Parfois, j’ai l’impression qu’elles la découvrent avec moi, elles font plus touristes que moi, une photo par-ci une photo par-là avec ou sans lunettes de soleil.

Notre circuit tourne autour de la femme et Aom accepte de questionner pour moi quelques-unes de nos rencontres, elle prend aussi l’initiative de décliner la question si elle ne lui semble pas adaptée a la personne. Par exemple: le désir d’enfant si elle a un doute sur l’identité sexuelle de la personne. Nous rencontrons sur le marché aux fleurs la grand-mère de la marchande de « café frappé », Trayun a 81 ans, elle est sur le marché aux fleurs depuis plus de 45 ans, elle se montre réservée au début, puis nous livre toute son histoire qui semble à Aom être très romancée : 10 enfants, etc. Je réponds à Aom que je ne cherche pas la vérité et que si cette femme veut me dire ça, je prends. La complicité d’Aom et de Pel donne une autre couleur à cette ville. Toutes les heures, nous faisons une pause toilette. Il faut dire qu’à Bangkok elles sont confortables, il fait très chaud et c’est l’occasion de se rafraîchir.

Aom sort de son sac une fiole de poudre blanche qu’elle se passe sur le visage et dans le cou. Comme je la regarde, elle m’en propose. Et là, je découvre le bonheur du talc. A partir de ce jour, je ne souffrirai plus de la chaleur ! Je serai plus ridiculement blanche que nature, je n’aurai plus la sensation d’être dans un pot de miel.

16h00: Sous le métro aérien, nous entrons dans un temple a ciel ouvert, ici sous les buildings des femmes dansent à la demande pour des personnes venues se recueillir afin de remercier les dieux d’avoir exaucé leurs prières.

Bon, bien sûr je simplifie ce qui ne devrait pas l’être et m’étale sur des futilités. Mais « à chacun son voyage » comme dirait un célèbre journaliste du Lauragais. Vers 19h00, nous rentrons en bateau. Aom est ravie de voir que je suis si bien installée, elle qui voulait me mettre dans un hôtel sans âme a deux pas du métro et plus cher bien sur mais avec aucun risque de me perdre.

J’ai réussi à les retenir toutes les deux pour notre derniere soirée, nous avons mangé dans un resto indien où Pel avait l’habitude d’aller avec son ex… comment dire… camarade, puisqu’ils n’étaient pas mariés, même pas concubins.

Aom est déjà allée en France dans l’est du côté de Dijon, elle a donné l’envie à Pel. Bien sûr, je les invite à venir quand elles veulent et surtout quand elles peuvent. Si toutes ces femmes répondent à mes invitations, de nombreuses visites sont à prévoir pour ces prochaines années, et rien que de penser que leur venue se confirme, je stresse de ne pas être à la hauteur.

21h30: Nous nous quittons sous la pluie, elles montent dans le bus n°35, c’est bien les bus, c’est moins douloureux et plus aléatoire. Quand il arrive elles partent, bye bye les filles !!!

22h00: Mail, Skype , c’est trop pour moi ! Stop! Stop! J’y suis plus ! Je déconnecte, oubliez-moi ! Bye, bye, bonne nuit.

Samedi 14 mai

10:00 : Debout. Je passe ma matinée à chercher comment aller au Cambodge (internet, Lonelyplanet, guide du routard, site de l’ambassade) toutes les sources se concrétisent.

Vers 13h00 je demande conseil à la responsable de la guest-house qui me dit que pour 500 baths ( 11$)un mini bus vient me chercher ici à 7h00 du matin et je n’ai qu’à me laisser porter à Siem Reap au Cambodge. C’est ok pour moi !

15h00: Toujours sur ses conseils, je vais chercher un nouveau chariot avec un petit papier où elle a inscrit en thaïlandais : « diable ». Elle m’a également indiqué la route et en quelques minutes de marche je me retrouve dans un autre coin du quartier que je ne soupçonnais pas. Je découvre un autre Bangkok et je trouve mon nouveau chariot pour porter ma table. Plus cher qu’en Slovénie et n’a pas l’air très solide… on verra…

16h00: Déjeuner sur une table de trottoir improvisée mais permanente au milieu de scènes inoubliables.

17h30: Alors que je rentre à l’auberge, mes pas font un demi-tour et me font assister à la scène qui suit: au bord de l’eau un hymne retentit. Je venais juste de m’asseoir sur ce banc lorsque tous les gens présents aux alentours me font signe avec insistance de me lever. J’en conclus que c’est l’hymne thaïlandais et j’obéis (je crois qu’au retour de ce voyage, je serais très obéissante ! ). Une fois fini, les personnes -majoritairement voire exclusivement des femmes- se mettent en place face à un meneur armé d’un microphone. Il les guidera dans une grande séance de stretching dont je ne verrais pas la fin.

19h00: Je pars en direction du quartier du tourisme sexuel de Bangkok. Bus , métro, les transports publics sont toujours des moments très riches, mais je n’ai pas le réflexe et l’envie pour dégainer mon appareil-photo, alors certaines images je les garde en mémoire et je les place dans mon disque-dur. Le métro est sur-climatisé, en sortant de là je me retrouve au milieu de stands en tout genre. Dans une moiteur intense, des vendeuses essayent de rester réveillés, d’autres ce sont endormies dans un hamac installé entre deux poteaux. Au début, on veut me vendre des massages, des robes, des bijoux, des tongues, puis très vite des hommes veulent me vendre des « femmes en show ». Devant chaque bar, il y a des petites tribus de 6 à 8 femmes habillées toutes dans la même robe. Des tribus de bleus, de roses et d’autres couleurs très vives.

Dans chaque tribu, les âges sont variés, avec une « chef » qui les chapeaute et qui tient dans la main une pancarte plastifiée avec les photos des filles. Les robes sont d’un genre très élégant voir traditionnel mais très fendue sur le côté presque jusqu’à la taille. Le tout dénote à la perfection avec un excès de maquillage. Je ne veux pas rester trop longtemps alors je suis le prochain rabatteur dans « un bar show » où je suis censée voir des performances comme le petit carton plastifié l’indique avec des croquis de femmes en contorsion diverses et variées. Sous un porche, un homme attablé encaisse les entrées d’une valeur de 4€, la première bière offerte. Une vieille maquerelle asexuée qui porte un uniforme blanc de secrétaire médicale me demande si je suis seule. Elle m’installe à côté d’un groupe de gogo-danseuses agrippées à un bureaucrate thaï qui leur parle à porte-feuille ouvert. La maquerelle me présente de force à la plus proche et à la plus jolie des danseuses en bikini, elle parle aussi bien anglais que moi mais la musique empêche toute communication ce qui nous pousse très vite à rentrer en contact physique. Le show a déjà commencé, la salle est quasiment vide, il n’est que 10h, le spectacle est aussi dans la salle, un groupe néo-zélandais ou australien, trois grandes blondes avec un seul mec, j’accepte une interaction avec des performeuses qui répètent leur spectacle depuis un million d’années sans se lasser et sans charme. Nue avec juste des soquettes genre « décathlon » au bout des pieds, son corps est celui d’une femme maigre de 50 ans et ses mouvements ceux d’une petite fille de 10 ans. Après 3 ou 4 allées et venues de la vieille infirmière qui me présente la carte des boissons alors que je n’en suis qu’à la quatrième gorgée de ma bière, j’explique à la grande et jeune danseuse que je n’ai pas d’argent à rajouter à mon prix d’entrée mais que je ne resterai pas trop longtemps. « No problem » me dit-elle  » profite du spectacle », puis elle envoie bouler toutes les infirmières qui font leur campagne de vaccination d’alcool. Elles nous laissent enfin converser. Mais c’est son tour. Elle se lève avec trois autres pour aller faire onduler leurs corps sur une musique toujours plus assommante. Je ne tiendrais pas bien longtemps, je la laisse clairement danser pour moi et quand elle me rejoint à ma table, je la salue et prend congé. En sortant, des groupes de femmes spectatrices commencent à remplir la salle. Plus de femmes que d’hommes, plus d’asiatiques que d’occidentaux.

De l’air ! Où est le métro ?

23h00: Terminus du métro, où est la correspondance pour le bus 53 ? Je suis dans le quartier chinois, les rues sont désertées de tous les commerces de la journée, seuls quelques corps qui semblent en vie sont cachés dans des recoins. Par groupes de 2 ou 3, des femmes attendent ou se maquillent assises sur des tabourets en plastique, elles sont soit très jeunes et en cours de rééducation dentaire, soit très vieille, et surprises de me trouver là, elles me sourient et je passe.

Après une demi-heure assise sur un bout de trottoir à l’arrêt de bus avec un couple et un vieil homme qui s’inquiète de mon sort, le ciel nous tombe dessus. Le vieil homme contredit l’homme du couple, il lui dit que passé minuit, il n’y a plus de 53 (tout ça en thaï, bien sûr ). Le jeune homme me jette dans un taxi qui me lâchera à 500m de ma guest-house. Le taxi est hilare de me laisser sous la pluie.

00:30 : La pluie est vraiment toxique et colle les vêtements à ma peau. Malheureusement je n’ai plus mon super couteau pour découper tout ça, en même temps je n’ai pas les moyens de détruire ma garde-robe à chaque pluie.

1:00 : Rafraîchie, je m’endors enfin dans cette chambre climatisée, la tête vide de ce que j’ai pu voir.

Dimanche 15 mai

Cette semaine d’acclimatation se finit à Bangkok où j’ai beaucoup marché avec mes tongues vert plastique ! J’ai bien mérité un massage à 4 euros pour 1 heure. Mes jambes retrouvent la vie, ma marche est légère pour aller faire mes valises et préparer mon nouveau départ. Ma coupure internet avec la France me fait le plus grand bien, et je revérifie le peu d’objets qui m’accompagne avec ma table. Ils sont tous là sauf la preuve d’achat pour mon voyage en bus de demain que la patronne de la guest-house m’avait éditée. On verra demain…

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