Alix Soulié

Bolivie

Samedi 13 août 2011

9H : C’est l’heure à laquelle le bus devait arriver à La Paz mais voilà, on n’a même pas passé la frontière.

Plus jamais de bus, plus jamais d’avion, plus jamais de voyage !!

15H : Frontière Pérou-Bolivie : Pas mangé depuis la veille midi mais j’ai plus que mes 20 dollars que personne ne veut : les deux businessmen colombiens rencontrés dans le bus m’invitent à manger. Ça y est, je ne sais plus refuser les invitations. Il m’aura fallu 6 mois ! De toute façon je n’ai pas le choix.

17H : On repart enfin, à cause d’une coupure d’électricité le bus ne pouvait pas être contrôlé à la frontière.

18H : Bouchon à l’entrée de La Paz, encore un accident pas joli joli…

Personne ne sait conduire ici, surtout pas les professionnels. J’ai même voulu proposer au taxi de Lima de prendre le volant.

Nous arrivons au-dessus de La Paz qui se trouve dans une cuvette. Dans la nuit, c’est juste incroyable, toutes ces lumières qui se répondent et se font face ! Je ne peux qu’imaginer la ville.

20H : Terminal bus → Taxi → Maison Mojares Creando (15 Boliviano)

21H : Devant cette maison ancienne rose et taguée, la lumière est attrayante. Devant des tables rondes nappées, il y a Julia, Tina et Luis-Mi qui s’agitent autour.

Julia m’accueille puis me laisse avec Tina la longue et discrète Autrichienne aux longs cheveux blonds qui me montrera la maison et mes appartements. Aaah ! Un lit !! Ouuuh !!

DIMANCHE 14 Aout 2011, LA PAZ

De 7H à midi : Installation, micro-sieste et réveil en alternance continue…

13H : Restau avec les filles du mouvement Mojales Creando pour organiser le planning. Julia a une belle écoute sous son air dur et derrière ses lunettes roses. Ce qui me trouble, c’est que physiquement c’est Carole Novak (pour ceux qui la connaissent, ma colocataire de l’époque du Théâtre du Jour à Agen).

Elle a la même dureté, les mêmes mimiques, le même sourire, le même regard derrière de toutes petites lunettes…

Elle retranscrit très bien ma démarche aux filles qui arrivent plus tard. Rien n’a été préparé avant mon arrivée, il faut donc que je rallonge mon séjour pour avoir le temps de tout mettre en place.

14H : Juste le temps de sauter dans un taxi pour descendre plus bas (800 m plus bas !) dans la vallée pour la grande Fria du Livre de La Paz, qui se finit aujourd’hui. Le mouvement Mojales Creando y a son stand. Maria y tient la permanence, le stand a un grand succès, il faut dire qu’on ne peut pas louper Maria qui est très stylée et qui de plus, est une personnalité incontournable de La Paz. (Cliquez ici)

C’est la bonne occasion de voir et de comprendre en direct leurs différentes actions et surtout l’impact sur cette société et ces femmes abandonnées par leur mère qui perpétuent leur fardeau en éduquant de petits machos qui les détruisent.

16H : Retour avec Julietta au 20 060 Veinte de Octubre.

17H : Discussion sur le féminisme avec Tina et Julietta, chacune sur leur ordinateur dans la salle de restaurant désertée en ce dimanche. Raphaël participe au débat via Skype et me traduit ce que je ne comprends pas. Il y a aussi le petit Luis-Mi qui a 7 ans. Il est très curieux, c’est le seul « homme » au milieu de toutes ces femmes féministes, le pauvre ! Il n’a pas le droit à l’erreur : s’il se mouche un peu trop bruyamment, il est suspecté de machisme.

19H : Un peu de calme… Avec Raphaël, on va Skyper pendant deux heures dans ma toute petite chambre mais il y a 6 heures de décalage en plus pour ce garçon qui travaille à l’aube.

22H : Je sors dans la rue pour acheter des Hamburgers et des patatas fritas pour les filles et aussi pour mon estomac et celui de Luis-Mi qui louche dessus comme s’il n’avait pas mangé : « Allez, viens on partage, Luis-Mi !» On mange et au lit : il y a école demain.

Luis-Mi, c’est le fils d’Emilia, la cuisinière en chef, elle vit avec son fils dans un appartement au-dessus du jardin d’enfant à l’arrière du restaurant. La maison est grande, il y a des chambres en haut, le studio-radio en bas, les bureaux en sous-sol et l’école radiophonique à côté des chambres et des sanitaires.

23H : Une montée d’escalier histoire de me faire une prise d’oxygène avant de me coucher.

LUNDI 15 AÔUT

9H : Réveil Skype avec Raphaël

10H : Douche sans Raphaël

11H : Alliance Française, personne ne peut me recevoir, pas de chance : je viens jusqu’ici juste quand l’équipe (qui se renouvelle tous les trois ans) change… Pfff…

12H : Ici, tous les touristes sont malades parce qu’ils boivent du thé mais en altitude l’eau ne bout pas à 100 degrés, du coup ils se chopent des trucs. Alors avant de détraquer mon ventre, je mange du riz et bois du Pepsi.

Dans une petite cantine chinoise où je me suis installée, trois femmes en uniforme entrent (militaires ou policières). L’une d’entre elles a un parfum qui donne envie de la respirer, c’est très doux.

13H : Après une très courte marche dans le quartier, je rentre. L’altitude limite les déplacements… le ciel appelle pourtant à grimper ces rues où des femmes aux chapeaux ronds évoluent et vont avec leur paquet sur le dos.

14H : Écriture, classement photos, un peu dans la salle de restaurant, un peu dans ma chambre.

Tout l’après-midi, j’écoute, je regarde les mouvements de cette maison où les va-et-vient ont un rythme varié selon les heures de la journée. Trois jours devant moi pour faire ce que je peux et rattraper mon retard. Je ne sais même plus si je dors : je m’endors avec mon ordi et me réveille avec.

Mardi 16 Août , La Paz

Du mal à me lever … Je traîne, ça ne me ressemble pas, j’espère que ce voyage ne va pas me rendre mémére.

9h00 : Ordi . 10h, 11h, 12h, 13h… Soupe et plat du jour au resto de la maison.

14h00 : Recherche d’un lieu en Argentine. À cause de la prolongation ici, les filles de Cordoba ne peuvent me recevoir, elles n’étaient que disponibles aux dates prévues. Je recherche donc un point de chute à mi-chemin, entre La Paz et Buenos Aires. Ce sera Salta.

16h00 : Correspondance de Raf, nouvelles consignes, pffff… Comme si j’avais pas assez de boulot, mais l’exercice est amusant et excitant.

18h00 : Réunion avec Julieta et la responsable du jardin d’enfants, on convient d’un atelier avec les petits en fin de semaine.

19h00 : Ordi jusqu’à minuit.

Mercredi 17 Août

9h00 : Ho ! Allez, on ne s’endort pas sur ses lauriers, le mieux pour cela, c’est de se fixer des obligations à la con. Genre aller au pressing pour laver le peu de linge que j’ai pour garder une apparence correcte. Et marcher à 4000 mètres, c’est wow ! Je prends mon temps, allez, hop ! Je pousse jusqu’à la poste. Cette ville est impressionnante, il faut juste que jamais la Terre un jour ait l’idée de bouger. Parce que ça ferait l’effet des livres en relief où les châteaux se broient les uns contre les autres dès que l’on tourne la page.

13h00 : Après des rencontres diverses et variées dans les rues pentues de La Paz, je suis attirée par ce petit menu soupe à 18 pesos bolivianos. Quel bonheur, les soupes boliviennes ! Allez, tiens, j’en prends une deuxième.

Comme je suis le nez dans mon cahier après ma deuxième soupe en attendant le plat, un gamin de 10 ans se pointe à ma table, un masque médical sur le nez, un petit papier qui semble officiellement expliquer sa mendicité. Et, en toute discrétion, mécaniquement, il soulève son T-shirt pour montrer son ventre dans lequel une longue patte en aluminium de 40 cm est enfoncée dans une plaie propre et en fin de cicatrisation. Je le salue et il passe à la table suivante. Pour le plat, on peut attendre, merci. Depuis 6 mois je suis sollicitée plusieurs fois par jour, mais pas de budget misère du monde. Je ne fais que passer, oubliez-moi. J’donne pas en France, j’donne pas ici, j’donne pas, j’donne pas, et ça m’empêche pas de dormir. De toute façon, qui c’est qui va aller à l’épicerie sociale en rentrant et qui va demander pour la première fois le RSA ? C’est moi ! Alors je vais pas jouer ici la petite bourgeoise qui soigne sa bonne conscience !!!

14h30 : Retour dans la salle de resto de la maison pour une séance d’ordinateur en attendant qu’une des filles se libère pour une « entrevista ».

17h : Mathie monte avec moi dans ma toute petite chambre pour une rencontre très bouleversante et surprenante qui donne un sens à mes heures d’observation depuis mon arrivée. Mathie me parle et me parle, elle entre dans mon cœur, aujourd’hui je comprends tout ce que les filles me disent et elles entrent dans mon cœur sans distance. Mathie louche sur la tresse qui s’enroule sur mon crâne. Une fois l’entretien fini, je me retrouve au-dessus d’elle pour sculpter dans ses grands cheveux noirs une spirale de tresses qui l’enchante. Nous avons le même âge avec Mathie, elle fait partie de celles que je veux revoir un jour.

18h : Elle descend prendre son service à l’accueil du resto.

19h : Je descends me dégourdir les jambes. Le resto est pris d’assaut : une conférence sur le service militaire obligatoire. Je m’installe et j’écoute.

Tout s’agite en moi. Qu’est-ce que je vais faire de tout ça ? Quel rôle je me suis donné ? Il y a tant à dire, comment parler de tout ça ? Peu importe, ça sera en moi, pas besoin de dire des choses pour en parler.

Si on ne retrouve dans mon solo que le sourire de Mathie, ça sera la plus belle chose qui puisse arriver à mon spectacle.

20h : Le resto se vide, on se retrouve à une table avec les filles de la maison. Grande prise de conscience de la situation des femmes ici.

21h : Je retrouve Raphaël via Skype, nos discussions n’en finissent plus. Je passe ma nuit entre ses insomnies et la mise à jour du blog jusqu’à 6h du matin. C’est le seul moment où la connexion est possible et fluide. Et puis, j’en ai plein la tête, pas possible de dormir.

Jeudi 18 Août 2011, La Paz

9h : Fin de la sieste, 3h de sommeil c’est bien suffisant, ma tête déborde, je tourne dans cette maison comme dans ma tête.

13h : Sopa + segundo ; elle est trop bonne ta soupe Emi. Je monte, je descends, je regarde et j’écoute.

18h : Les premières filles de l’atelier arrivent, j’ai vraiment du mal avec le retard, je ne m’y fais pas. On commence à 3, on finit à 10. Le beau et charmant Sylvain, qui m’a mise en contact avec le mouvement Mujeres Creando, est venu pour m’aider à traduire ma présentation de débit d’atelier. Je le remercie, mais je présenterai l’atelier plus tard, quand elles seront toutes là. Il me dit que je m’en sors bien et que je n’ai pas besoin de traducteur. Julieta lui a dit qu’elle me comprenait très bien sur tous les sujets, et qu’en plus j’avais le cœur dans la bouche (traduction : bavarde). Apparemment depuis mon arrivée, je les fais bien rire. C’est sûrement à cause de mon espagnol métaphorique parce que je ne connais pas de blagues (je ne m’en souviens jamais !). Et je suis plutôt discrète en général quand je circule dans la maison. Bon, ben, je suis comique malgré moi, bon, ben super, j’en prends note.

21h : Fin de l’atelier, un bout de pain et au lit.

Vendredi 19 Août

7h : Réveil, travail au lit.

8h : Réveil pour de bon, sous la douche qui a du mal à être chaude en plein hiver, c’est rude.

9h : Petit-déj’ au resto pour préparer l’atelier avec les petits du jardin d’enfants associatif.

10h30 : Pfff. ça fait un siècle que j‘ai pas fait ça, qu’est-ce qui m’a pris ? En plus comme c’est l’hiver, ils sont tous morveux. Allez, va moucher ton nez, et après tu pourras monter sur ma table. Bon, ils sont vraiment petits, je suis en impro totale et comme ils parlent aussi bien espagnol que moi, je communique en onomatopées. Au final, l’atelier durera une heure au lieu d’une demi-heure.

12h30 : J’ai bien mérité une sieste.

13h : Déjeuner : juste une soupe avec les filles et je retourne à la sieste.

15h : Réveil. Je descends, je remonte, je circule, je remonte, mais je ne travaille pas, je ne répète pas pour ce soir.

18h : Je décide que l’atelier commencera à 18h30 vu que tout le monde arrive à 19h et que je n’aime pas attendre.

18h30 ; Deuxième atelier avec les filles. Elles préparent un petit quelque chose pour la présentation de ce soir, organisée pour l’anniversaire de deux filles du mouvement.

21h : Ma chambre se transforme en loge dans laquelle j’invite Raphaël, j’aime pas du tout être seule en loge, je préfère partager la loge et la scène.

« Non, non, reste, tu ne me déranges pas. Je vais pas attendre toute seule ! J’ai le trac et en plus Julieta me demande de commencer plus tard. Alors reste. »

Je sais pas comment je vais réagir avec l’altitude, avec les nouveaux trucs que je veux tester et que je n’ai jamais répétés (des accidents passés que je veux intégrer). Et puis j’ai le trac.

22h : « J’ai le trac, allez c’est le moment, j’y vais, bises ». Ma table m’attend à l’entresol, j’entre dans la salle de restaurant, tout le monde hallucine de me voir avec ma table sur la tête. Leur surprise me surprend et nous nous regardons intensément. Je prends mon temps pour calmer ma respiration d’altitude. Mon cœur bat dans ma gorge, je découvre l’espace que Julieta et les filles ont organisé pour le jeu comme je leur avais demandé. Pour le reste, j’ai pris mon temps en écoutant ma respiration sans forcer, l’essoufflement de l’altitude est suffisant, j’ai escaladé ma table comme jamais. L’altitude me fait l’effet inverse que j’imaginais, c’est plus facile qu’à Quito qui est deux fois moins haut.

Les filles présentent l’atelier. Je gobe mon petit-four à la crème (deuxième tableau).

Minuit : Je remonte me changer dans ma chambre, mon père est déjà connecté, comme tous les jours. Il m’annonce que je dois payer des impôts. Des quoi ? Mais pourquoi ? Pfff, ils ont dû se planter ! Je m’en fous ! Je redescends dans la fête, Emi m’a préparé une assiette, ce soir c’est viande de lama séché avec assortiment de légumes. J’adore. Les filles viennent me parler les unes après les autres, elles n’ont jamais vu ça, elles me prennent pour une perchée, mais elles voudraient voir la suite.

Sur la table, whisky, liqueur de chocolat, vin… Je reste au coca, je décroche quand leur espagnol devient du russe imbibé vers 2h du matin.

J’ai la pêche, Raf a le droit au récit de la soirée, il ne dort jamais ce garçon. La musique en bas ne s’arrête qu’à 7h du matin.

Samedi 20 Août 2011

7h : Je m’endors.

8h : Réveillée par les voisines qui sont de service pour nettoyer la fête : après la musique, l’aspirateur.

9h : Cocorico, pas dormi, mais envie de marcher dans La Paz.

13h : Super soupe.

14h : Travail à la table, écriture, je jette mes bics qui se vident les uns après les autres. Ça me rappelle l’école primaire où il fallait rendre son bic vide pour en avoir un neuf. Et j’adorais aller dans la réserve pour prendre un Bic neuf dans la grande boîte de Bics neufs !

Merde, c’est le week-end ! Allez, un peu de Skype. Non, je ne passe pas mon temps en France, c’est la France qui vient voyager avec moi. Raf est le seul de l’équipe Anomaliques qui prenne ses vacances en septembre, quelle bonne idée.

Les filles de la maison ont déserté pour un concert, ici, tout est calme, je m’endors.

Dimanche 21 Août

5h : C’est dimanche Alix… Tu peux pas dormir ? Bah non ! Une poule ! Comme mon père ! Un petit coucou à Bajamont. Ah tiens, Maman fait son apparition dans le petit écran. On s’est pas vues et parlé depuis le Laos je crois, ça remonte au 5 Juin, presque 3 mois. Bon, c’est rare, mais à chaque fois très intense et concentré : une minute, une minute trente. C’est pour ça que je l’aime ma maman, elle a tout compris, quelle chance j’ai, beaucoup ne peuvent pas en dire autant, il y a tant de mères poules. En même temps, elle est en plein rush au boulot. Juillet/Août ! Plus papa qui doit lui mener la vie dure avec ses douleurs dans sa jambe qui ne se répare pas depuis un an. Bah ! C’est leur sauce. J’adore parce qu’on ne s’attarde jamais trop. Le temps de la rubrique nécro pour nos petits vieux qui ont pas passé l’été. Si je ne leur demande pas, je l’apprends deux ans après.

Je me rendors. Je me réveille, je me rendors, je me réveille.

9h : Une douche, il fait toujours aussi froid, je me recouche. Skype avec Raphaël, ma valise, je me rendors.

11h : Je descends voir si ça bouge en bas. Il y a juste Judith qui m’attend pour aller à la « Feria d’Alto ». Tout se sait dans cette maison, c’est Julieta qui lui a dit hier soir que je voulais y aller. Du coup elle me veille depuis une heure avec son bouquin à la main. « Ok, super, bien, je finis ma valise numéro 1 et je te retrouve à midi. »

12h : Judith est une très grande autrichienne de plus d’1 m 80, blonde blanc, On ne passe pas inaperçues dans la féria, on est les deux seules blanches dans ces immenses puces 15 fois plus grande que celle de Saint-Ouen (évaluation au pif, sans support statistique). Dans des tornades de poussière, nous changeons d’itinéraire, ici toutes les femmes sont en costume traditionnel, un autre monde. Il y a sur cette place centrale deux femmes (d’une secte) qui hurlent en chantant faux dans un micro. Wow, dans la petite cantine où on s’arrête manger un bout de poulet et des frites, il y a ces deux icônes qui se côtoient de très près : celle de Jésus et celle d’une bimbo généreusement généreuse.

17h30 : Retour à la maison. Nous traversons le vieux La Paz, descendons les routes pavées pour retomber dans notre quartier.

19h : « Entrevista » d’Emiliana en cuisine.

20h : « Entrevista » de Julieta sur une table du restaurant.

22h : Au lit hop, sans manger.

Lundi 22 Août 2011

5h : Premier réveil.

6h : Deuxième réveil.

7h : Je vais marcher dans la ville avant que le brouillard soit levé.

8h30 : Fin de bagages. Dernière connexion. Bisous à Sabine en direct de Montréal, des nouvelles de Salta, ouf, je suis attendue. Coucou à Raphaël.

11h30 : Une soupe d’Emi, besos les filles ! Tina, Julieta, Emi, Mathie et toutes les autres.

12 h : Le taxi m’attend devant la maison rose. Là c’est la valise rouge que je manque d’oublier. C’est le problème quand tout le monde se met à m’aider, je ne peux plus évaluer si mes 56 kilos de bagages sont bien rassemblés. Bye-bye Mujeres Creando !

13 h : Le bus part bien chargé, pas qu’en gens. Je maîtrise le supplément bagage sans avoir à payer un surplus.

15h15 : Le bus stoppe dans un village au milieu d’un désert . C’est une panne moteur. Il faut prévoir 30 minutes d’attente pour un dépannage, mais en fait il faudra 2 heures. J’ai donc le temps d’aller acheter un bon fromage et du pain dans cette épicerie où personne ne s’arrête. Un petit garçon qui est venu acheter un truc en perd la voix, les yeux ronds comme des billes, comme si les martiens débarquaient, il ne sait plus ce qu’il est venu acheter.

17h : Au moment où tous les troupeaux rentrent au village en traversant la grande nationale avec une technique de cirque pour jongler entre les camions et les autobus qui roulent à toute vitesse, le moteur est réparé en deux minutes et nous repartons après le passage du dernier troupeau. Le chauffeur roule comme un dingue. Je suis sur le panoramique au premier étage du bus, donc au-dessus du chauffeur, obligé de taper du pied pour qu’il ralentisse, on convient avec ma voisine de rester éveillée quand l’autre s’endort pour surveiller les excès de vitesse et taper du pied quand il faut. Ici pas de limitations, les routes sont en construction, ben juste pas avoir peur de mourir dans un décor paradisiaque. Il y a pire comme mort. Ce qui est rassurant, c’est qu’il y a pas mal de camions et de véhicules avant nous, ce qui a tendance à calmer le chauffeur. Naturellement une réactivité qui fait son petit effet seulement une vingtaine de minutes.

Dans le bus, pas de toilettes. Pas de pause. Aucune. Juste pour charger et décharger des passagers dans de toutes petites villes. Seuls les hommes peuvent pisser contre des murs en vitesse. Les femmes… ben non ! Et personne s’en préoccupe. Il y a bien celles qui ont des jupes et qui rapidement s’accroupissent au bord d’un trottoir. Et là, je comprends pourquoi les hommes sont en pantalon et les femmes en jupe. Ben voilà ce voyage m’aura fait comprendre une chose essentielle de la vie moderne.

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